Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
politique
3 avril 2009

le sens d'une lutte

  FOCUS SUR L'ACTUALITÉ

Blé Goudé :"Nous devons imposer l'Afrique au monde"
(Le Matin d'Abidjan 19/12/2006)


La rédaction du quotidien gouvernemental, Fraternité Matin, a reçu hier matin, M. Charles Blé Goudé, leader de la jeunesse patriotique et secrétaire exécutif du mouvement panafricaniste. Dans une série de questions-réponses, en une heure, l'invité a fait des précisions sur son combat pour l'indépendance de la Côte d'Ivoire et l'Afrique toute entière.

nPropos liminaires de l'invité (…)Vous avez souhaité qu'on parle qu'on parle, de l'actualité et j'ai été invité en tant secrétaire exécutif de la jeunesse panafricaine. Je voudrais préciser que nous avons créé le Cojep le 4 juin 2001, bien tôt avant la guerre, bien longtemps avant que je ne parte en Angleterre avec pour objectif de donner une âme et une arme à la jeunesse ivoirienne. Pour lui permettre de prendre part aux débats politiques, parce que bien souvent, notre jeunesse est utilisée, manipulée, faute de formation politique. Nous n'avons pas créé le Cojep juste pour la Côte d'Ivoire. Mais les pays africains n'ont pas les mêmes réalités. Dans certains pays africains on peut parler, mais ce n'est pas dans tous les pays africains qu'on peut parler de lutte anti coloniale, anti impérialiste. Il fallait donc prendre du temps pour amener les uns et les autres à accepter et prendre le risque de parler. Nous avons fait le premier sommet en décembre 2002, le deuxième en décembre 2004 et nous venons de faire le dernier. Et c'est maintenant que nous avons réussi à mettre sur pied un secrétariat exécutif afin que les autres représentent les sections de Cojep dans les autres pays. Le temps a agi et finalement, on finit par comprendre un peu partout que le combat que nous menons en Côte d'Ivoire doit être mené partout. Et qu'au-delà de nos petites divergences entre pays africains, il faut qu'on comprenne que les sociétés changent par génération. Notre génération doit comprendre sa lourde responsabilité et faire en sorte que l'Afrique puisse reconquérir sa dignité. Il y a eu les indépendances, nous pensons que la vraie indépendance, l'Afrique ne l'a pas encore. Sinon nous comprenons mal qu'on décide à la place des pays africains. S'il est vrai que nous les pays africains sommes souverains, nous ne comprenons pas pourquoi quand on parle d'un dossier sénégalais, ivoirien…à l'Onu, c'est la France qui réagit. Nous avons suivi la crise au Moyen Orient, j'ai vu le Premier ministre libanais aller parler du Liban. Quand il s'agit d'Israël, ce sont les Israéliens qui en parlent. Pareil pour la Palestine. Je ne comprends pas pourquoi quand on parle de la Côte d'Ivoire, on parle de De Villepin, de Alliot Marie, de Jacques Chirac. J'ai bien l'impression que nous avons les pieds enchaînés. Mais il se trouve des leaders sur ce continent qui trouvent cela juste. Ils nous disent que c'est ainsi que le monde est fait. Mais non, le monde n'est pas fait ainsi. Ils (les Occidentaux : ndlr) ont tracé un chemin qu'ils veulent nous imposer. L'Onu a été créée en 1945, mais en ce moment-là beaucoup de pays n'étaient pas indépendants. Donc on peut trouver normal que quand on parle de la Côte d'Ivoire, du Sénégal, du Bénin… la France prenne le devant des choses. Mais depuis 1960, nous sommes indépendants, l'Onu ne peut plus avoir les mêmes réflexes, les mêmes attitudes. Nous nous battons donc pour cela. C'est vrai, le combat sera long mais il faut le poursuivre. Il faut y croire. C'est dans ce sens que mes amis du Cojep et moi nous nous sommes donné le devoir d'expliquer notre idée, notre philosophie, notre vision aux autres camarades africains. Et nous sommes heureux qu'ils soient venus nombreux. Les débats ont été parfois houleux, on les a menés jusque tard dans la nuit. Mais nous avons abouti à un résultat positif. On a créé un secrétariat exécutif qui a pour objectif de veiller à ce que les différents objectifs soient atteints. Premier objectif dans l'immédiat, faire en sorte des journées de solidarité à la Côte d'Ivoire soient organisées immédiatement dans les pays qui ont vu leurs jeunesses participer au 3è sommet des mouvements de jeunesses panafricaines et patriotes. Le Cameroun l'a organisée avant le sommet. Les autres pays vont le faire. Voici donc ce pour quoi nous nous sommes retrouvés. Parce que bien souvent, l'Afrique est morcelée et on oppose les Africains pour mieux les contrôler. Ma vision est que nos anciennes puissances coloniales commencent à prendre peur. La Chine et d'autres pays d'Asie sont traités avec respect, souplesse. Je ne vous apprends rien, la Chine a fait une percée économique. Et devient du coup concurrente de différents pays européens. Le seul continent qui n'a pas les mains libres, qu'on peut mettre en garde aujourd'hui, c'est l'Afrique. Mais les gens sont obligés de faire des actions de charme avec l'Asie. C'est parce que les Asiatiques ont fini par s'imposer en croyant en leur culture, leur économie, leur indépendance. Ils ont décidé de prendre rendez-vous avec l'histoire. Mais ici, nos chefs d'Etat me semblent être des préfets locaux : un sorte de prolongement de l'Administration française. On se trompe en disant les Etats-Unis, l'Angleterre nous soutiennent. Mon ami nigérian m'a dit hier : " Attention Charles, vous êtes victimes du système français. Mais nous nous sommes victimes du système anglophone. C'est le même système qui est de contrôler et la France ne fait que jouer son rôle dans sa sphère d'influence ". Alors étudiant, pensant que ayant étudié en Angleterre cela faciliterait les choses, je me présente au comptoir de l'ambassade d'Angleterre pour prendre un visa. Et bien, j'ai été très poliment éconduit. Et vous comprenez que pendant que la France est là (en Côte d'Ivoire), l'Angleterre a vite fait d'implanter son ambassade au Ghana. C'est un genre de soutien détourné, amis, un soutien détourné. Parce que je ne sais pas ce que les Anglais craignaient plus que les Français. Parlant de la Côte d'Ivoire, je fais une lecture objective. Pour moi, une table de négociation est une table de donner et recevoir. Quand on discute entre individus, pays, groupes de personnes, vous faites des concessions. Mais j'ai l'impression que dans le cas de la Côte d'Ivoire, tout est à l'envers. A Marcoussis, on demande au Président Gbagbo de nommer un Premier ministre dit de consensus, des rebelles dans le gouvernement pour, en retour, obtenir le désarmement. Ce qui a été fait, je constate qu'il n'y a pas eu de désarmement. On l'invite à Pretoria où on lui demande de prendre l'article 48 et en retour : "Vous aurez le désarmement, si vous permettez à Monsieur Ouattara d'être candidat à l'élection présidentielle". Donc des concessions ont été faites, parce que depuis les années 1993 jusqu'à l'éclatement de la crise, le PDCI-RDA nous a fait croire que le problème de la crise, c'est Alassane Dramane Ouattara. Au point qu'il était considéré comme un gros risque pour un chef d'Etat de permettre à Ouattara d'être candidat. Le Président Laurent Gbagbo, faisant de Alassane un candidat, a résolu le problème que Bédié a créé, mais le désarmement n'est pas venu. Nous constatons que notre pays est coupé en deux, aucun impôt encaissé dans la zone sous contrôle des rebelles ne profite à l'Etat de Côte d'Ivoire. Tout cela est toléré mais j'ai l'impression que la tolérance est devenue une norme. Je fais le travail d'évaluation de la feuille de route qui devait être fait par le GTI, payé à résoudre les problèmes pour lesquels ils (les agents de l'ONU) ne sont pas payés. On a oublié qu'un matin il y a des gens qui ont attaqué la Côte d'Ivoire. C'est ce problème qu'on était en train de résoudre mais on est ailleurs maintenant. Maintenant, il s'agit de réconcilier Gbagbo avec Banny. Lui qui était venu réconcilier les gens, c'est lui qu'on doit réconcilier maintenant avec une autre personne. C'est de la foutaise ! Il y a problème parce que lui-même crééedes problèmes. Quand on vient en réconciliateur, on est supposé être neutre. On ne crée pas de groupes de soutien, on ne suscite pas d'ONG. Quand vous créez des groupes de soutien, cela veut dire que vous avez un autre objectif. Le soutien du Premier ministre en principe devait être le peuple auquel il devait apporter la paix. Mais il faut être politiquement aveugle pour ne pas comprendre que le Premier ministre Charles Konan Banny veut le pouvoir. Pas surprenant si on lui demande de démissionner pour créer son parti politique. Parce que Banny, caché derrière son manteau de réconciliateur, fait la politique. Il place ses hommes dans l'Administration, dégomme d'autres gens et trouve des prétextes fallacieux à des situations. Malheureusement pour lui, il a devant lui des gens qui faisaient la politique pendant qu'il comptait l'argent. Donc parlant de Banny, je ne parle pas différemment de Seydou Diarra. Parce que jusque là, la France est à la recherche non pas d'un Premier ministre pour réconcilier les Ivoiriens mais d'un cheval qui peut renverser le régime en place et se repositionner.

Les échanges

N'est-ce pas le système de l'Onu qui encourage la politique de la France vis-à-vis de la Côte d'Ivoire ? La reforme de l'Onu s'impose t-elle vraiment et dans quel sens doit-elle se faire ? Les sanctions de l'Onu ne vous handicapent-elles pas en tant que secrétaire exécutif du mouvement panafricaniste ?
Selon la loi de la nature, la vie est changeante. Ou bien vous vous adaptez ou bien vous disparaissez. Ce sont les alliés et les vainqueurs de la guerre mondiale qui ont créé l'Onu pour protéger leurs intérêts. Mais ils ont donné un caractère humain à cela en créant des démembrements que nous connaissons. Ce sont ces vainqueurs qui sont les membres permanents de ces démembrements-là. Mais pourquoi un pays est permanent et un autre ne l'est pas ? Parce que les autres n'ont pas remporté la guerre. Mais est-ce que ces critères-là tiennent aujourd'hui ? Il y a de nouvelles réalités qui obligent l'Onu à s'adapter; d'où la nécessité de la reforme. L'Onu ne peut être crédible, et pourrait subir le même sort que la défunte SDN (Société Des Nations), parce qu'elle est dépassée par les évènements. Quand des voix s'élèvent, qu'on écoute et qu'on veut s'imposer, on devient caduc. Comment peut-on comprendre que des gens soient si chèrement payés par mois parce qu'ils sont envoyés pour séparer des belligérants ? Est-ce que ces fonctionnaires onusiens ont intérêt à ce que les palabres s'arrêtent ? Bien au contraire ! Pire, ils ont des primes d'insécurité. En ce qui concerne les sanctions de l'Onu, c'est en guise de soutien que mes amis m'ont mis à la tête de notre organisation. Et c'est aussi une reconnaissance pour moi pour le combat des Ivoiriens qu'on diabolisait. Ce que nous ne pouvons pas faire parce que nous sommes cantonnés en Côte d'Ivoire, les autres servent de relais. Ainsi, je ne voyage pas mais les idées voyagent.

Peut-on dire que les politiciens ont échoué ? Quels sont vos rapports avec les jeunes du RHDP avec qui vous avez signé un pacte de non agression ? Quelle est votre proposition pour aller à la paix ?
Non je n'ai pas encore dit que les politiques ont échoué. A Frat Mat, l'information est votre matière première. Est-ce pour autant dire qu'un journaliste X a échoué quand il n'a pas traité l'information qu'un journaliste Y a traitée ? Non ! De même, on ne pourra dire à un autre pourquoi il a choisi d'écrire sur un sujet et non un autre ? Le rôle du politique, c'est de gérer la société pour les hommes et avec les hommes. Mais chacun veut faire mieux que l'autre. Et donc on décèle les maux. Sinon notre pays peut rester dans cet état pendant dix ans et même plus. Tant qu'on forme un gouvernement paritaire pour que X ou Y soit ministre, les gens sont prêts à rester dans le gouvernement. Et laisser de côté les problèmes comme la xénophobie, la frustration, l'exclusion, qui ont amené les rebelles à prendre les armes selon eux. Il y a même que la victime de l'ivoirité est en alliance avec le concepteur du concept. Mais ils (les politiques et rebelles) sont à la recherche d'un minimum vital pour pouvoir supporter leur retraite politique. Les gens avaient conçu un système pour rester éternellement au pouvoir mais ils ont été surpris par le coup d'Etat de 1999. Ils n'ont donc pas eu le temps de préparer leur retraite et voici une rébellion qui vient s'ajouter à tout cela. Avec le RJDP, on a de bons rapports. Parce que, on est obligés d'avoir de bons rapports. Car, personne ne nous a obligés à dire que demain est pour nous. Et qu'il faut éviter à la Côte d'Ivoire un Rwanda bis. Je constate avec surprise que la violence dont on nous accusait a changé de camp. Je vois de jeunes gens donner des mots d'ordre pour que des camardes jeunes aillent attaquer des commissariats. On dit une chose et on fait son contraire. En fait, on prend l'opinion à témoin pour qu'elle comprendre que de cette date de juillet (signature du pacte) jusqu'à maintenant, nous respectons notre engagement. En interne, en ce qui nous (jeunes patriotes) concerne, mes amis m'avaient accusé de trahison. Mais le leader, ce n'est pas celui qu'on applaudi seulement. Le leader, c'est celui qui est courageux et qui, face à la foule, assume des responsabilités. Il y a des leaders qui disent : " A la marche et je vous suis, allons y ! " Et il y a des leaders qui disent : “A la marche, suivez-moi!" Un leader, c'est celui oriente, guide. Le 31 octobre dernier, vous nous avez vu tous (membres de la galaxie patriotique) aller au Café de Versailles pour attendre Karamoko Yayoro (RJR) et KKB (JPCDI). Cela veut dire qu'en interne, nous avons réussi à faire comprendre aux autres que la position que nous autres avons adoptée est bonne pour la Côte d'Ivoire. Nous croyons à un idéal, éviter un Rwanda bis à la Côte d'Ivoire. Ceux qui font le contraire, je pense qu'ils ont des rasions qui leur sont propres. Cependant, le peuple a compris le message que nous lui avons lancé ensemble. Donc il a compris qu'il faut éviter à la Côte d'Ivoire un Rwanda bis. Pour moi, nous ne ferons rien qui puisse sacrifier trahir ce que nous avons décidé. Nous irons toujours vers nos camarades pour leur faire comprendre que leurs différents leaders sont dépassés. En ce qui concerne ma proposition de sortie de crise, je crois qu'il faut d'abord comprendre la nature de la crise. Un émissaire français m'a dit qu'il faut sécuriser socialement les acteurs de la crise. C'est pourtant ce que nous faisons jusqu'aujourd'hui, mais on a oublié tout cela. (…) Il faut abandonner ce gouvernement de partis politiques. Et dénicher des Ivoiriens qui ne sont pas stigmatisés au plan politique. Il faut demander au RDR, au PDCI-RDA…d'aller faire la politique jusqu'à la campagne électorale. Sauf le FPI parce que c'est le parti au pouvoir. On ne doit pas perdre de vue cette réalité. Pour l'instant, nous avons besoin d'une équipe qui travaille sous l'autorité du chef de l'Etat. Sinon, on n'en finira pas. Je ne vois pas les choses en termes d'individus, je les vois plutôt en termes de système. A la place de Charles Konan Banny, il y avait Seydou Diarra. On est à la recherche d'individu, de personnalité capable de faire preuve de dépassement. Mais pas de quelqu'un qui se joue du peuple. Donc qu'on enlève Konan Banny ou pas, ce n'est cela mon problème. Aussi faut-il que toute proposition venant de la France soit une proposition nulle parce que la Franc est un acteur de la crise ivoirienne.

Pensez-vous qu'il revient au Cojep, au lieu des politiques, de remettre en cause les rapports politiques entre la France et la Côte d'Ivoire ? Comment expliquez-vous que les Etats africains s'en remettent chaque fois à la France pour la résolution de leurs problèmes internes ?
Le Cojep est un groupe de pression. C'est nouveau en Côte d'Ivoire. Un groupe de pression, c'est pour moi un groupe de personnes, une énergie qui propose, qui se rend incontournable mais qui ne vise pas la conquête du pouvoir. On dirait que le Cojep est un parti politique, vu sa composition. Mais non ! Il appartient aux jeunes, au peule, de reconquérir la dignité de l'Afrique. Cependant, je ne rêve pas du tout que demain matin, on va prononcer la rupture des relations avec la France qui inscrit son action dans le temps. Je ne veux même pas qu'on prononce le mot rupture mais je veux qu'on passe du stade du tutorat à celui du partenariat. Je suis parfaitement d'avis qu'on ne peut pas vouloir une chose et son contraire. Je refuse qu'on réduise tout à la France. Il faut que nous-mêmes, Ivoiriens et Africains, réussissons à faire notre propre lit, comme le fleuve. Si la Chine l'a réussi aujourd'hui, ça veut dire que nous le pouvons. Seulement, il faut y croire.

D'où viennent les moyens du Cojep ? Pourquoi est-ce qu'il ratisse au sein des partis de l'opposition en brouille avec le régime d'Abidjan ? Est-ce vous entendez faire un pas vers Soro Guillaume pour faire la paix ?
Le Cojep éduque ses militants. Nous avons un siège équipé d'ordinateurs, d'un cyber café qui compte une soixantaine d'ordinateurs, une bibliothèque. Nous avons des bâches et près de mille chaises. Les gens viennent payer pour lire, naviguer. Outre la location des bâches et chaises, des cotisations de membres (des fonctionnaires, des individus insoupçonnés) alimentent notre caisse. Nous recevons également de dons et legs de nombreux donateurs. La diaspora nous fait parvenir aussi beaucoup de moyens. Nous allons là où nous sommes acceptés. Tenez, Kabré Issouf d'origine burkinabé a tenu un discours qui a retenu l'attention de plus d'un au sommet de 2004. Il était la star, il a été traité de colonisateur, celui qui divise, dans son pays. La nuit tombée, il est venu pleurer dans ma chambre, disant : " Blé, il faut m'aider à rentrer dans mon pays en passant par le Togo. Sinon Blaise va me faire arrêter ". Aujourd'hui, l'instituteur qu'il est a été affecté dans les confins du Burkina Faso, de sorte qu'il ne s'intéresse même pas à notre combat. Et que je ne parvienne pas à le joindre. Parce qu'il n' y a aucun moyen de communication dans son lieu d'affectation, à mille lieues de la capitale. Donc je suis obligé de protéger des amis le temps que les réalités de leurs pays s'offrent à nous. Ibou Touré, l'adjoint de Kabré, est arrivé le dimanche soir à la fin du sommet. Quand je lui ai dit que le sommet a pris fin, il m'a fait savoir que ce n'était pas cela le plus important. Car, selon lui, il tenait à faire comprendre à Blaise Compaoré qu'il pouvait sortir du Burkina Faso malgré qu'il s'y oppose. Je peux vous rassurer que nous ne ratissons pas dans l'opposition. A preuve, le Sénégal était représenté, à double titre d'ailleurs. Au sujet de Soro Guillaume, le problème n'est pas de lui parler. J'ai déjà parlé à Soro au téléphone et par personnes interposées. La question est de savoir ce qu'on peut faire ensemble dans l'intérêt du peuple ivoirien. Puisqu'on se connaît pour avoir partagé la même cellule de prison et milité au sein de la Fesci, il peut dire : " Frère, vu ma position est-ce que tu ne peux pas faire quelque chose pour que ma dignité soit sauvée ? " Notre dernière rencontre date de 2001, à la veille des législatives où Soro m'a demandé de l'aider pour les législatives à Port Bouët, où il voulait se présenter comme député. Je lui ai demandé pour quel parti il voulait se présenter, est-ce pour le RDR ? Il m'a répondu : " Non je ne suis pas du RDR mais si je vais au FPI, il y a trop d'intellectuel là-bas, je serai le dernier. Je ferai la queue. Je préfère aller au RDR où il y a moins d'intellectuels ". Je connais Soro, tant qu'il n'est pas sûr d'une analyse politique, il ne s'engage pas. Il sait ce qu'il fait. Amis, il est allé trop loin. Le problème, c'est qu'il y a trois dangers qui guettent Soro. Ce sont d'abord les jeunes qu'il a recrutés tant au niveau national que des pays frontaliers. Que faire d'eux pour au moins leur donner un point de chute? Parce que ceux qui vont éliminer Soro, ce ne sont même pas nous. C'est un de ses petits insignifiants. Savez-vous aujourd'hui qui a tué Savimbi ? On parle d'un de ses gardes du corps. Mais lequel ? C'est pour cela que Soro parle d'état-major intégré pour les y insérer. C'est aussi pour quoi il a institué les primes pour désintéresser les étrangers. Deuxième danger, entre lui et Alassane Dramane Ouattara, c'est la dialectique du maître et de l'esclave. Alassane lui a donné les moyens pour une mission. Aujourd'hui, c'est lui qui parle directement avec Kofi Annan, Jacques Chirac. Ce que Alassane faisait avant. Troisième danger, c'est la France avec laquelle il a partagé beaucoup de secrets. Elle craint qu'il parle un jour. Soro Guillaume a le choix, entre continuer à mettre sa vie en danger et se repentir et je connais les Ivoiriens, ils vont lui pardonner. De cette façon, il sort de ce carcan au point que si la France veut l'attaquer les Ivoiriens peuvent le sauver. Mais l'illusion du pouvoir qu'il entretient peut finir mal

Publicité
Publicité
Commentaires
politique
Publicité
Publicité